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Sarah in Paris
3 septembre 2009

Tuesday night au Limonaire

PC160002Dear Everyone,PC160027

Tuesday evening with Marie Jo and Fa au Limonaire, a marvellous bistro near Grands Boulevards where one can listen to fabulous cabaret chanson after a good meal cooked by "Grande Lolo du Fourneau" in a great ambiance. Music-lovers flock for unforgettable singers such as Francesca Solleville, known to anyone who's lived in Paris long enough to frequent the European at Place de Clichy or the Forum Léo Ferré.

Every Tuesday in September, one can find Allain Leprest on the small stage au Limonaire. Allain Leprest ,awarded the Grand Prix de l'Académie Charles Cros is singer, poet and song-writer with a career that has spanned the last 20 years. He is known P9010065throughout the world of French 'chanson' as one of the most talented of hisP9010041 generation. However, he remains in the shadows of the media. Always discrete. He is particularly loved for numbers such as "La Gitane", "La Retraite", "SDF" et "Arrose les fleurs". He fell seriously ill last year with a ruptured aneurysm and when I saw him on the stage to support Francesca at the European in May, I could only cry. He wore his ever-present cap on one side to hide his surgery and had great trouble pronouncing the lyrics of his beautiful texts. However, on Tuesday, Allain Leprest was back. And when I say 'back', I really do mean it. He had snatched back that energy for which he is so well loved, his strong personality was as large as life and Allain was just as we all remembered him. Not once did he ever fall into 'pathos', remaining every faithful to his poetry.

P9010086Leprest was born at Lestre, Cotentin, 3rd June 1954, into a modest family. He developed a taste for the music-hall and loved listening to the radio which sensitised him all the more to the sounds of Léo Ferré and Georges Brassens.

At the age of seventeen, he began to write. Before he could get very far, he was called up for military service where he joined the paras. It didn't go very well. In fact, it all went pretty badly. His inability to follow orders was already well developed!

The road to "cabaret chanson" is long in France and after several jobs including teaching, he finally arrived in Paris in 1982 to perform in various cabarets: Caveau de la Bolée and Chez Georges where he began to earn a meagre living as a musician.

Enfin bref, all those present in his audiences were overwhelmed by his texts, by his delivery, by the sheer meaning and strength of his message and he made it to the Bataclan, the European and Olympia. Having been lucky enough to hear him, I can only say that he and his poetry make an impression  on you rarely experienced. For more information, go to http://www.rfimusique.com/sitefr/biographie/biographie_8917.asp

Tuesday night au Limonaire was unforgettable. Apart from the people I love here, there isn't much I will miss about Paris. But I will miss the evenings au Limonaire. I will miss the sound of Francesca and Allain and the other musicians who make Paris the cultural hub it is. Nights au Limonaire are ones of great sentimentality that I will remember all the days of my life. Poetry such as this is rarely seen, read or heard...and never ever forgotten.

P9010076Il n'y a rien qui spasse

"Dans le café d'Omaha Beach
La barmaid écoute Europe 1
Sur le papier de mon sandwich
J'écris des chansons à la main
Elle met la table, elle débarrasse
Elle remplit les verres, je les vide
Quand ils sont vides, elle les remplace
L'air du large, c'est toujours humide

Y a rien qui s'passe

Les vagues et les jours c'est pareil
On dort on bronze on baise on dort
Les nuits d'orage on se réveille
Sur un matelas de poissons morts
Le soir, on dénoue ses godasses
On s'coue l'sable et le varech
Le lendemain, on les relace
On s'rait mieux de dormir avec

Y a rien qui s'passe

Omaha Beach ou Saint-Malo
La mer vient, repart et revient
Elle s'échine à faire son boulot
Que pourtant, ça la mène à rien
La mer, c'est comme tout, on s'en lasse
Quand elle aura léché la côte
On attendra la marée basse
Puis après... ben la marée haute !

Y a rien qui s'passe

Omaha Beach, drôle de dimanche
La môme rebeurre un sandwich
Son p'tit coeur bat entre deux tranches
Pour le grand brun qui mate ses miches
J'peux pas la trouver dégueulasse
Moi, c'est pour mille ans que je l'aime
Lui, il vide ses couilles et il s'casse
Et chuis tranquille jusqu'à la quinzaine

Y a rien qui s'passe

C'est du beau temps, c'est des averses
Des nimbus stratus de passage
Comme ces voyageurs de commerce
Qui claquent cent balles dans son corsage
"Marie beaux-seins, un cube de glace
Une paille et un verre de vin rose"
Moi si y a des trucs qui m'agacent
C'est de dire vingt fois la même chose

Y a rien qui s'passe

Vas-y qu'elle rebeurre un sandwich
Et le billard remue la queue
Les riches essaient de jouer aux riches
Mais les fauchés jouent mieux qu'eux
Le vent pousse sur la terrasse
Les trois dés tombés de ma main
Il me manque toujours un as
Pour claquer un 421

Y a rien qui s'passe

Aujourd'hui j'ai fait ma valse
Et j'ai replié mon courage
J'ai une plaie sur la chemise
Et un accroc sur le visage
Omaha Beach, pas une trace
S'en vont et reviennent les flots
Une éponge de mer efface
Un grand ciel vert comme un tableau

Y a rien qui s'passe...

allain_leprestLa Dame du Dixieme

La dame du dessus est morte
Il y a des scellés sur sa porte
On n'entendra plus pleuvoir
Son arrosoir
Sur le balcon
La vie, c'est con

La dame du dessus, bonjour
Trois petits riens, trois petits tours
On descend ses pots de fleurs
Par l'ascenseur
Et sa pendule
La vie, c'est nul

La dame du dessus, bonsoir
Ca braille, ça rit dans les squares
Sa boîte à lettres s'emplit
Tant mieux, tant pis
C'est des factures
La vie est dure

La dame du dessus, c'est cuit
Les enfants sont passés lundi
En vitesse, en habit noir
Vider l'armoire
Prendre le chien
La vie, c'est rien

Les jours se suivent, c'est terrible
Y a un bel appartement libre
Là-haut au dixième étage
Un pigeon nage
Dans l'eau du ciel
La vie est belle

allain_20leprest1La Colère

Ca te vient, ça t'arrive, cent clébards dans la tête,
Une locomotive, un barrage qui pète
Ca te sort d'une graine et ça devient un tronc
Et les branches d'un chêne qui t'éclatent le front
C'est jouir à l'inverse, c'est un ciel à sanglots
Et son grelon qui perce les parois de la peau
C'est pleurer à l'envers, le pétard de la peine
L'orgasme de la haine. C'est s'entr'aimer quand même,
La colère

C'est un piano qui cogne dans l'orchestre des veines
Ce pipeau dont l'haleine sent mille saxophones
C'est la sueur de décembre, mourir en italique
Vouloir nouer ensemble la Manche et l'Atlantique
C'est une épée tendue à la barbe des cons
Une fleur de passion aux pétales pointus
C'est le jour moins le jour, c'est un accouchement
Sans l'aube d'un enfant, les mâchoires de l'amour,
La colère

C'est les yeux qui s'effritent et le poing qui se blesse
Au tranchant des caresses, au baiser de la vitre
"Patron, une dernière, à la santé du diable !"
Et je casse mon verre sur le bord de la table
C'est un rire qui balance sous le ciel des gibets
Et son sexe bandé en haut de la potence
C'est le c?ur éclaté mais c'est mieux que se taire
De pouvoir la chanter, comme hurler de colère,
Sa colère

C'est l'anus du Vésuve dessous ma casserole
Un fleuve de pétrole où navigue l'étuve
La langue qui s'embrase, la salive qui brûle
Et le ventre qui hurle pour attiser les phrases
Cette vague de braises au bûcher de la mer
Cette écume incendiaire qui lèche la falaise
C'est un feu de chevaux lancés au c?ur des champs
Et le vent qui reprend l'odeur de leurs sabots,
La colère

C'est sauter à deux pieds sur l'édredon des ronces
La rage qui défonce les portes enfoncées
C'est l'opéra du cri, l'orage de tes bras
C'est cracher du lilas à la gueule des orties
C'est un hymne de fou, c'est l'étincelle noire
Qui porte à la victoire l'agneau contre le loup
Un baiser en dedans à l'amitié complice
Qui mord à pleine dents le cul de l'injustice,
La colère

allain_leprest_Chanson Plouf

Quel ennui que les insomnies !
Monsieur, je vous suis chaque nuit
Votre cabas au bout des bras,
Qu'à la même heure au même endroit
Discrètement d'un coup de botte,
Vous balancerez dans la flotte
Dans la tombe à Monsieur Surcouf
Et plouf !

C'est quoi cet étrange labeur ?
A votre place j'aurais peur
Il suffit de si peu et crac
Un de ces jours le fond d'un sac
Sèmera derrière votre dos
Les lambeaux de votre fardeau
Goutte à goutte et touffe par touffe
Et plouf !

Suffit qu'un pêcheur à la ligne
Un jour sorte de sa consigne
Un de ces mille et un bagages
Oubliés au cours d'un voyage
Ou que je renonce à me taire
Que je lâche un bout du mystère
Au bout d'un comptoir à l'esbrouffe
Et plouf !

Que, raide, un matin sur ce quai
On vous trouve entre deux paquets
Triste la vie que votre vie
A propos, êtes-vous suivi ?
Je veux dire, par un docteur ?
Tous ces va-et-vient à plus d'heure
A nos âges le coeur s'essouffle
Et plouf !

Mais n'aie rien à craindre, Monsieur,
Je suis simplement un curieux,
Un curieux manquant de sommeil
Qui vous escorte dans vos veilles
Comptant vos venues sous le pont
Comme on compterait des moutons
Avant que le fleuve les bouffe
Et plouf !

Et vous allez rentrer chez vous
Rue Gît-le-Coeur, à pas de loup,
Voisin parmi d'autres voisins
Dessinés par l'ombre au fusain
Bonne nuit, au revoir Monsieur
Auriez-vous par hasard du feu ?
J'ai mouillé ma boîte d'alloufs
Et plouf !

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